Zabeen : Selon vous, quels ont été les deux ou trois moments cruciaux dans votre carrière, soit les points d’inflexion dans le cheminement professionnel qui vous a permis d’arriver là où vous êtes, soit certaines des notions clés que vous avez acquises, peut-être à la suite d’erreurs que vous avez commises ?
Katie : Absolument. Je pense qu’il y a beaucoup, beaucoup de points d’inflexion dans n’importe quelle carrière. Certains ont lieu assez tôt, lorsqu’on est étudiant. Je suis devenue ce que je considère être un peu comme une réussite accidentelle, dans le sens où je suis le premier enfant de ma famille, de ma famille étendue, à aller à l’université. Alors, ça a été toute une découverte pour moi. J’y ai appris que le monde était bien plus grand que je croyais. L’éducation supérieure est devenue quelque chose d’extrêmement important pour moi : je suis restée à l’université pour suivre un large éventail de formations, ce qui m’a permis de décrocher un diplôme en sciences politiques avec mention, puis un diplôme dans une école de commerce, et enfin un diplôme en droit. Toutes ces choses, je dois l’admettre, n’ont pas été faites dans un but précis. Je n’étais pas une enfant qui s’est dit : « Ah ! Ce que je veux faire quand je serais grande, c’est d’être avocate. » Je me formais. Je me formais pour une vie dans le monde des affaires qui allait être intéressante, j’en étais convaincue. Toutefois, je n’avais pas d’aspiration particulière dans une direction plutôt qu’une autre à ce moment-là.
Lorsque mon collègue à Goodmans, où je pratiquais le droit sur les valeurs mobilières après l’obtention de mon diplôme, m’a appelé pour venir à Four Seasons, encore une fois, je l’ai fait principalement parce qu’il avait été un excellent mentor pour moi, qu’il était une personne avec qui je savais que je pouvais collaborer très étroitement et qu’un changement semblait tout à fait approprié à ce point dans ma vie. Alors, j’ai probablement plus choisi de travailler avec lui que de commencer une carrière dans le secteur du tourisme d’accueil.
Maintenant, j’en suis venu à aimer ce secteur d’activité, comme en témoigne le nombre d’années où j’y suis restée, et je continue d’aimer ce secteur. Encore une fois, j’ai profité d’une occasion formidable lorsque mon mentor, qui m’avait embauchée, a décidé de partir pour devenir un spécialiste des services de banque d’investissement. À ce moment-là, je suis une jeune membre de la Haute direction et je viens d’avoir mon premier enfant. Environ un an auparavant, j’étais devenue vice-présidente de l’entreprise, et une décision a dû être prise, je présume, parmi les membres de la Haute direction de Four Seasons, si j’allais être promue ou non à l’échelon supérieur ou s’ils cherchaient quelqu’un d’autre pour devenir mon nouveau patron.
À ce moment-là, la Haute direction de Four Seasons a dit : « Donons-lui une chance. » Cela a été une occasion fantastique pour une jeune personne comme moi de se voir offrir la chance d’assumer un rôle aussi important, difficile et formateur. Et certainement un peu intimidant. Mais surtout, cela a été un moment où l’entreprise m’a fait confiance à un point incroyable, a fait confiance à cette jeune membre de la Haute direction commençant seulement à être connue – n’oubliez pas, j’ai dit que j’étais aussi jeune mère à l’époque, et c’était mon premier enfant, alors beaucoup de choses se passaient dans ma vie. Néanmoins, ils m’ont donné cette chance et m’ont fait confiance.
Je pense que lorsque ce genre de choses arrive aux gens, ils disent généralement : « Vous savez ce que je vais faire ? Je vais récompenser cette confiance en leur faisant énormément confiance aussi », et ils se plongent corps et âme dans leur carrière, et dans ces circonstances, dépassent toutes les attentes qu’on pouvait avoir à leur égard. C’est probablement le point de départ de ce qui est devenu une carrière extrêmement réussie de cadre de la Haute direction à Four Seasons. On a continué de m’offrir de nouveaux défis encore plus grands et j’ai continué de les relever. Ce processus a continué, bien sûr, jusqu’au moment, à la fin des années 1990, où il est devenu clair qu’on me préparait à prendre un jour la relève en tant que chef de la direction.
Cela s’est produit, bien sûr, quelques années plus tard. Néanmoins, cela a été un moment important lorsque la prochaine étape de mon cheminement professionnel est devenue très claire. Encore une fois, on parle d’où réinvestir personnellement de plus en plus de son capital intellectuel et émotionnel dans une organisation ? C’est certain que c’est ce qui a eu lieu pour moi au cours de tous ces événements.